Le plus vieil oranger de France
Un oranger à plusieurs noms...
Semé en 1421, l’oranger successivement appelé le Grand-Connétable, le François Ier et enfin le Grand-Bourbon, est probablement le 1er arbre de cette espèce introduit en France. Mais sa légende offre dans ses débuts des points obscurs et douteux.
Des débuts en Navarre...
Ce serait en 1421 qu’une reine de Navarre, après avoir mangé une bigarade (petite orange à la saveur acide et amère), aurait trouvé tant de goût à ce fruit, alors rare dans le nord de l’Espagne, qu’elle aurait semé dans un pot les cinq pépins qui en provenaient.
Pourtant, l’histoire nous montre qu’en 1421, le roi de Navarre, Charles III, dit le Noble, était veuf depuis 5 ans de sa femme Eléonore de Castille. Ce n’est d’ailleurs qu’après sa mort, en 1425, que sa fille Blanche lui succéda.
Quoiqu’il en soit, les semences levèrent et puis furent cultivées à Pampelune, capitale du royaume de Navarre, jusqu’en 1499.
À cette époque, Catherine de Foix, arrière-petite fille de Blanche et héritière du royaume de Navarre, envoya en présent à Anne de Bretagne, sa cousine germaine, à l’époque de son mariage avec le roi Louis XII, une caisse contenant 5 orangers, objets rares et précieux, en indiquant leur origine ; les premiers orangers entrèrent alors en France.
L'inventaire du château de Chantelle
C’est à ce moment que l’histoire de notre arbre devient certaine ! Transporté en 1532 à Fontainebleau, dont François Ier disait « que si on lui faisoit présent ou qu’il pût recouvrer quelque chose rare, c’étoit pour son Fontainebleau », il y prit le nom de son nouveau possesseur.
Louis XIV, passionné pour Versailles, comme François Ier l’avait été pour Fontainebleau, avait fait enlever de ce dernier palais des grands maîtres italiens qui y étaient rassemblés depuis un siècle, pour les transporter dans sa résidence favorite ; le célèbre oranger eut le même sort, et l’orangerie de Versailles, construite par Mansart, était à peine terminée qu’on y apportait, en 1687, les plus beaux orangers de Fontainebleau, « du nombre desquels, dit le Mercure galant, étoit l’oranger nommé le Bourbon qu’on dit avoir environ cinq cents ans. » Le Mercure exagérait encore la légende. Car en admettant la date de 1421, cet arbre n’avait alors que 266 ans d’existence.
La légende de l'oranger de Versailles
Conservé depuis cette époque dans l’orangerie de Versailles, ce bel arbre, qui appartient en effet à l’espèce des bigaradiers, est au milieu du XIXe siècle non seulement le plus âgé et le plus grand parmi les orangers de la superbe collection de Versailles, mais il est alors encore le plus vigoureux, le mieux portant et le plus fertile.
Poiteau rapporte, dans son Histoire naturelle des orangers, qu’en 1818 on avait cueilli dessus une immense quantité de fleurs, et que l’année suivante il était chargé de plus de mille fruits. Sa hauteur est de 7m20 y compris la caisse, et sa tête a 16m50 de circonférence ; il aurait un bien plus grand développement, si les portiques de l’orangerie par où on le sort au printemps et par où on le rentre à l’automne étaient assez grands. Sa tige, extraordinairement courte et de forme triangulaire, se divise, presque en sortant de terre, en trois bras, dont deux se subdivisent bientôt et forment en tout cinq grosses branches, qui s’élèvent en s’éloignant les unes des autres et constituent, par leurs nombreuses ramifications, la tête de l’arbre.
Note : l’existence de cet oranger s’acheva en 1894.